L’ardente lyre,

Improvisade autour de Guillaume Apollinaire

Textes choisis et dits par Leili Anvar et Frédéric Ferney.

Avec Karol Beffa (piano), Alain Brunet (trompette, bugle) et Pascal Bouterin (percussions).

« A la fin tu es las de ce monde ancien… » : le recueil d’Alcools (1913) s’inaugure d’un soupir inéluctable. Dans son œuvre poétique, Apollinaire va extraire de l’amour toutes les nuances du regret, tous les paliers d’arôme de la tristesse et de la mélancolie.

Avec une rose aux lèvres et une rime canaille dans la poche, il chante le chagrin d’aimer qui est la douleur de ne pas l’être assez. Et sa sensualité ose, sa verve d’artilleur éclate en pluie de comètes, en foutre de météores, en traînées de shrapnels.

Il troque les odes au rossignol contre un hymne à l’aéroplane. Il brise le vitrail du symbolisme, il en abjure les ors, les pierreries, les poisons, il en brûle les vieux trophées. Adieu cierges, lunes, orchidées ! Lui le ménestrel, le poète de grands chemins, il crache sur la Belle Epoque et ses accordéons rances.

Il préfère l’avenir – l’électricité, les tramways, les paquebots, la réclame, et Picasso, et Derain, et les cheveux verts de la Lorelei.

Du surréalisme – il invente le mot – il sera l’avocat et le poète plus que le théoricien. Il prévoit l’événement, il devance la mode, il exprime l’actualité mais au fond, il s’en fiche. Il s’enchante plutôt des limites, des frontières, qu’il se fait fort de rompre, de suborner, de séduire. Il ne sait que chanter.

Avec lui, tout est songe. Le paradis est un jardin. L’enfance est un pré. La guerre est un bal. L’amour est une chanson triste. Artiste et vandale, Guillaume est d’abord fée, et jongleur, et le plus enfant des hommes. Dedans, Paris, ville jolie

Parce qu’il est moderne, lui le bâtard, le divin métèque, le fauché, il se souvient de Villon et de Clément Marot ; hermétique et sacré, il est follement médiéval, et vieille France avec ardeur.

Son penchant : accueillir la primauté, la secousse initiale sur la terre comme au ciel, avec un faible lyrique pour le petit cul de Louise de Coligny.

Son dessein : donner au cri du cœur une forme.

Frédéric Ferney

Durée : 1h20

anvar LEILI ANVAR – Récitante

karol-beffa_2 KAROL BEFFA – Piano

bouterin-4PASCAL BOUTERIN – Batterie

a-brunet-avatar-2 ALAIN BRUNET – Trompette / Bugle

FF FRÉDÉRIC FERNEY – Récitant.